Rares sont encore les éditeurs à tirer parti des programmes d'affiliation proposés par les multinationales du web. Ces outils de digital marketing, qui permettent de générer des recettes à partir de liens sur votre site web, sont pourtant utiles à de très nombreux points de vue. Petit tour de la question.
Après 3 semaines de procès à rebondissements, Apple a finalement été condamné dans l’affaire qui l’opposait aux autorités américaines de la concurrence. Celles-ci l’ont reconnu coupable d’ententes sur les prix des livres numériques aux États-Unis. Sans surprise, le géant de Cupertino a d’ores et déjà déclaré qu’il se pourvoirait en appel de cette condamnation. Concrètement, Apple est accusé d’avoir suggéré aux éditeurs de préférer le contrat d’agence (dans lequel ils gardent la maitrise totale du prix de vente de leurs livres et reversent un pourcentage du prix de vente au libraire) au détriment du contrat de revendeur (dans lequel c’est le libraire qui fixe le prix et reverse un montant convenu à l’avance, indépendant du prix de vente) qui avait l’avantage de permettre la vente à perte. La stratégie d’Apple a évidemment rapidement été considérée comme une stratégie permettant une augmentation systématique des prix des ebooks. Rapidement dénoncés, les éditeurs et Apple se sont retrouvés sur la sellette. Face à la pression de l’administration américaine, tous les éditeurs incriminés ont préféré faire profil bas et ont accepté d’éviter le procès en payant un montant de 146 millions de dollars, une pacotille par rapport aux dommages et intérêts qu’Apple risque de devoir payer. À nos yeux, la condamnation d’Apple est compréhensible sur le plan de l’entente sur les prix. Néanmoins, on est en droit de se demander à quoi ressemblerait ce marché si Apple n’avait pas été présent. En effet la décision rendue par Amazon pose néanmoins question à bien des égards pour ceux qui connaissent la structure du marché américain du livre numérique. En effet, en 2010 lorsqu’Apple a lancé son iPad, Amazon régnait en maitre avec une part de marché avoisinant les 90 % et le marché était proche du monopole. L’arrivée d’Apple a ravivé le marché et dynamisé la concurrence, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour les lecteurs de livres numériques. D’ailleurs, à cet égard, il est amusant de remarquer qu’Apple s’est rapidement imposé comme un acteur prédominant sur de nombreux marchés, notamment en Europe. Le plus étonnant dans cette histoire c’est que les plus grands bénéficiaires de cette affaire sont les lecteurs numériques européens. Apple a eu le mérite de déstabiliser Amazon sur son propre marché et de créer une réelle concurrence. Cette société occupe clairement une place de leader au niveau de l’innovation, notamment avec l’iPad et l’iPad mini. Les chiffres viennent en tous les cas confirmer cette perspective puisque depuis le lancement de l’iPad et des accords entre Apple et les éditeurs, la part de marché du géant de Seattle a diminué de 90% à 60% alors qu’Apple revendique actuellement une part d’environ 20%. Un chiffre contesté par les analystes qui pensent qu’elle est plus proche des 10%. Reste à voir qui sera le gagnant final de cette histoire puisque le procès a permis à Amazon de mettre un terme au contrat d’agence et de réimposer son contrat de revendeur. Cette stratégie lui permet de vendre à perte et donc d’être très agressif par rapport à ses concurrents. Entretemps, d’autres acteurs tels que Kobo et Barnes & Noble sont entrés dans course et ont pu s’imposer pour le plus grand bénéfice des lecteurs numériques. Retrouvez Primento sur Twitter et Facebook T.L. Il y a 5 ans, le livre numérique faisait son apparition sur le marché américain. Au départ, cette nouvelle technologie fut accueillie avec un certain scepticisme. Mais loin de faire un flop, le concept prit de l’ampleur et se développa dans un premier temps grâce au lancement du Kindle, bientôt suivi de l’iPad.
Après de nombreux faux départs, le livre numérique a donc conquis les États-Unis où il représente déjà 23% des ventes totales de livres. Les Américains ont très tôt donné du crédit à l’ebook, comprenant que le futur était déjà là et ce malgré les investissements incroyables et insensés qu’il représentait. Bill McCoy, le directeur exécutif de l’IDPF, faisait le point sur le développement du marché US il y a quelques semaines au Salon du Livre de Paris. Si le marché américain est profondément lié au sujet d’Amazon, il n’en ira pas forcément de même pour le marché français en pleine mutation. Le démarrage tardif de l’ebook dans l’Hexagone laisse, selon lui, l’opportunité à de nouveaux acteurs d’émerger. Son meilleur conseil aux éditeurs francophones ? « Si vous ne rendez pas disponibles vos livres en numérique, d’autres le feront pour vous », disait-il en référence aux pirates. Mais la contrefaçon n’est qu’un problème parmi tant d’autres pour les éditeurs. Le numérique dans son ensemble représente un grand challenge pour ceux-ci, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi d’un point de vue intellectuel. Les éditeurs doivent désormais défendre leur légitimité. Face à un contenu en concurrence directe avec des ouvrages gratuits, ils doivent justifier leurs prix. Bill McCoy encourage les éditeurs non seulement à ne pas sous-estimer l’ebook, mais surtout à ne pas opter pour des solutions faciles. Le numérique, ce n’est pas seulement numériser. Il faut penser plus large, dit-il, surtout au lecteur, il faut donc tester, être aventureux, expérimenter, vivre des échecs et rebondir. Bill McCoy souligne les possibilités offertes par la tablette à ce point de vue. Prônant les formats ouverts tels que l’HTML5 et ePub 3 comme standard, il met en garde les éditeurs contre les plateformes propriétaires et leurs contrats cadenassés. Il ne faudrait pas que le marché de l’ebook se limite à 2 acteurs. Retrouvez Primento sur Twitter et Facebook S.M. Combien coute un livre numérique ? C'est l'une des plus grandes énigmes qui entoure le livre numérique. En invitant un représentant de la Société des gens de lettres, un auteur et un éditeur autour de la journaliste Karine Papillaud (Le Point), la scène numérique du Salon du Livre de Paris a tenté de dissiper le mystère.Alors qu'un grand nombre d'intermédiaires de la chaine du livre disparaissent avec le numérique, le prix du livre, lui, n'en est que faiblement affecté. Comment l'expliquer ?
Geoffroy Pelletier, directeur général de la Société des gens de lettres (SGDL) résume le climat actuel : "Les nouveaux acteurs et opérateurs viennent chambouler les manières de fonctionner. Ils font un peu peur au reste de la chaine. Ni les éditeurs, ni les auteurs ne savent vraiment ce qui va se passer. Combien coute réellement un livre numérique de A à Z ? Quelles sont les économies ? On entend tout et son contraire. Il y a une certaine opacité sur ce sujet. Il faut qu'ils soient plus clairs". Un souhait qui résonne comme une supplique. Karine Papillaud se tourne alors vers le représentant du monde de l'édition, Alexis Esmenard (Albin Michel), pour lui demander s’il existe des couts incompressibles dans la chaine du livre. Selon lui, "les couts incompressibles sont ceux liés au travail de l'éditeur. Nous ne vendons pas du papier ou des pixels, nous vendons notre savoir-faire. Il a un prix. Le transfert du papier vers le numérique ne coute pratiquement rien, au contraire du travail éditorial." Ce commentaire fait bondir Chris Costantini qui, alors qu’il était édité au Masque et chez Michel Lafon, a choisi l'autoédition numérique pour son dernier livre Lame de fond. Selon lui, "certains éditeurs devraient remettre en question leur couts de fonctionnement, [puisque]maintenant, on peut tout faire tout seul. Le texte bien sûr, mais aussi la mise en page et la couverture. C'est si facile. Et on est en relation directe avec les lecteurs. Si la couverture ne plait pas, le lendemain on en publie une nouvelle sur le site". En résumé, celui-ci propose l'abolition des filtres et des intermédiaires : "Le numérique c'est la démocratisation de l'écriture. N'importe qui peut écrire et être publié numériquement. On évite de passer par des comités de lecture parfois extrêmement négatifs et démoralisants. On ne rend des comptes qu'aux lecteurs". Il y aurait donc, en France, soixante-millions d'auteurs potentiels ? Serait-on arrivé au règne du "tous auteurs, tous prescripteurs" ? L'autoédition numérique fait peser un grand danger sur les éditeurs : celui du départ de leurs plus gros vendeurs. Ils risquent de voir les Amélie Nothomb, Éric-Emmanuel Schmidt et consorts, les quitter. La notoriété de ces auteurs est telle qu’ils peuvent se permettre de se passer d’un éditeur et se mettre à leur propre compte sur Internet. Un risque qu’explique Geoffroy Pelletier (SGDL): "Actuellement les investissements pour les éditeurs sur le numérique sont considérables à la vue de l'importance du marché. Mais, on peut quand même imaginer les économies faites sur le transport, l'absence de pilon ou de frais de stockage. Si les éditeurs ne sont pas plus clairs sur les économies faites ou les surcouts d'investissement, les auteurs se tourneront de plus en plus vers l'autoédition numérique avec un contrat de diffusion avec Amazon (qui n'est effectivement pas un contrat d'édition)." Les éditeurs sont donc menacés : s’ils ne veulent pas perdre leurs auteurs phares, il leur faudra davantage communiquer et peut-être même revoir à la baisse le prix de leurs livres numériques. La balle est donc dans le camp des éditeurs. Retrouvez Primento sur Twitter et Facebook M.B. Les dixièmes assises du livre numérique, dont la première édition remonte à juin 2008, se sont déroulées hier, lors de l'ouverture au public du Salon du Livre 2013 au Palais des Sports, situé Porte de Versailles.
"Nous ne sommes pas encore à l'humanisme numérique" : c'est par ces mots que Vincent Montagne, président du SNE (Syndicat National de l'Édition et principal organisateur de la journée), a ouvert cette nouvelle édition des assises du numérique. C'est pour nous l'occasion de rappeler les grands thèmes de cette édition : la mutualisation des connaissances, l'ouverture du dialogue, la collaboration interprofessionnelle et surtout l'ouverture à l'international. Ce dernier point est particulièrement révolutionnaire. En effet, personne n'avait jusqu'alors pensé à supprimer les frontières grâce au numérique. C'est aujourd'hui chose faite et il n'est pas trop tard pour s'y mettre. Tout en taclant délicatement Amazon et ses ambitions monopolistiques, Vincent Montagne a tenu à rappeler "qu'à l'heure du numérique, le métier d'éditeur reste indispensable dans l'accompagnement de l'auteur et dans le déploiement du livre". Une remarque qui dénote encore la crainte de nombreux éditeurs papier de voir leur métier s'évaporer dans les limbes du numérique. L'évolution cognitive de la lectureLa première conférence de ces assises était dédiée à l'impact cognitif du passage du monde du livre au monde des écrans. Sur la scène du numérique du Salon du Livre, Alban Cerisier, secrétaire général des éditions Gallimard et président de la commission numérique du SNE, en a discuté avec Stanislas Dehaene, normalien et docteur en psychologie, et Pierre Léna, normalien lui aussi et élu à l'Académie des sciences. Par ailleurs, celle-ci vient de publier un rapport sur la relation des enfants aux écrans (L'enfant et les écrans écrit par Jean-François Bach, Serge Tisseron, Olivier Houdé et Pierre Léna, publié aux éditions Le Pommier). Il ressort de ce rapport qu'il est actuellement "possible d'opposer deux cultures : celle des livres et celles des écrans". Cette rupture est à la fois "culturelle, cognitive et psychologique". Le numérique, au sens large (internet, jeux vidéo, gps, etc.) avec cette interactivité et cette interconnectivité de plus en plus poussée, modifie profondément notre rapport à la lecture et notre rapport à l'image. Alors qu'auparavant, la lecture était essentiellement verticale, aujourd'hui, avec l'arrivée du lien hypertexte et du multimédia, elle devient horizontale. C'est la tentation du papillonnage accompagnée du risque de se demander : "comment suis-je arrivé là ?" Stanislas Dehaene affirme alors que le livre papier et sa logique de lecture peut grandement favoriser une immersion plus importante sur les supports numériques : "l'intelligence narrative qui nous permet de créer une chronologie, une feuille de route, est indispensable dans notre relation à ces nouveaux écrans qui ont tendance à nous disperser." Par conséquent, les logiques de lecture sur papier seront, selon lui, capitales dans le développement du numérique et dans l'appréhension de leur contenu. C'est pour cette raison qu'on considère que l'opposition entre la culture du livre et la culture des écrans va s'atténuer dans le futur.Comme le rappelle très justement Pierre Léna : "Actuellement, les livres numériques ressemblent fort aux livres papier, dans leur logique cognitive et dans la présentation de leur contenu. Mais il y a fort à parier que bientôt, ils intègreront de plus en plus les possibilités multimédias. Le traitement du contenu du livre numérique va intégrer celui qu'on réserve encore à internet, aux jeux vidéo, au gps, etc." Nous pouvons ainsi conclure au terme de cette première conférence que, si le rapport cognitif de l'acte de lire évolue dans le monde des écrans, la logique de lecture du livre papier constituera une formidable aide pour saisir les opportunités offertes par le futur du livre numérique. Retrouvez Primento sur Twitter et Facebook M.B. Depuis quelques temps, lorsque je présente les dernières collections de Primento – à savoir les grands classiques littéraires de Candide & Cyrano ou lePetitLittéraire.fr, les réactions sont plus que positives. La plupart des personnes sont même de plus en plus enthousiastes et désireuses de tester la lecture numérique, surprises qu’une liseuse puisse offrir un si grand confort de lecture (rien de tel qu’une démonstration –liseuse e-Ink à l’appui) et être disponible à un prix plus qu’abordable ! Le plus étonnant dans tout cela, c’est que ces dernières semaines plusieurs personnes de mon entourage m’ont recontacté, déçues et un peu gênées de me dire : « Dis, Thibault, j’ai essayé d’acheter un Kindle sur Amazon.fr mais apparemment la livraison est uniquement possible en France ! ». Ils m’expliquaient ensuite qu’ils avaient soit abandonné leur rêve de lecture numérique ou parfois trouvé une astuce de type « J’ai fait envoyer le Kindle chez un cousin éloigné de ma mère qui habite Paris » ou encore, pour un chef d’entreprise d’une société Internet belge, «J’ai fait livrer dans mon bureau à Paris, je prendrai le colis lors de mon prochain passage ! ». Alors ? Se faire livrer un Kindle en Belgique, c’est possible ? Bien sûr ! … car l’interdire serait contraire aux lois anti-discrimination entre citoyens européens imposées par l’Europe ! La démarche à suivre pour acheter un Kindle depuis un autre pays que la France :
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AuteursThibault LEONARD Archives
January 2018
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