En effet, l’opération vise avant tout à promouvoir les livres et les librairies physiques. Tim Godfray, CEO de BA, insiste sur les compétences des libraires et l’importance de défendre cette profession qui « fait plus physiquement que quiconque pour que le public puisse apprécier leur passion pour les livres ». Pourquoi l’Angleterre ressent-elle le besoin de défendre ses libraires ? Parce que ces 8 dernières années, un tiers des librairies anglaises ont fermé, et si cela continue, cela représenterait une véritable perte pour l’Angleterre. La campagne a donc pour objectif de sensibiliser le public à cette crise.
La campagne de promotion commencera le 14 septembre 2013 pour s’achever après les fêtes de fin d’année et se traduira par une importante campagne de presse et des slogans apposés sur des sacs en tissu.
Concrètement, les libraires souhaitant s’impliquer dans l’opération recevront gratuitement une série originale de sacs et ils pourront se réapprovisionner moyennement un supplément. Les libraires peuvent également commander des sacs avec leur propre logo imprimé.
L’opération a d’ores et déjà reçu le soutien de nombreux éditeurs et libraires britanniques tels que Waterstones, WH Smith, Eason and Foyles, Hachette, Penguin, HarperCollins, Simon & Schuster et Random House.
Que ce soit en Angleterre ou en France, la situation financière des librairies a donc de quoi inquiéter malgré les différences structurelles des deux marchés. Dans un environnement en perpétuelle mutation, les libraires doivent mener de front plusieurs combats pour continuer à faire la différence, parmi ceux-ci : l’augmentation de l’offre de loisirs, le développement de l’e-commerce et l’arrivée du livre numérique.
Des pratiques de lecture en baisse
Les gens ne lisent plus autant qu’avant. Ce constat si souvent répété tend à se confirmer. Si 76% des Français affirment consacrer du temps à la lecture pendant leurs loisirs, ils déclarent néanmoins avoir diminué leur budget loisirs ces 12 derniers mois. Au-delà de la crise, c’est surtout le nombre de grands lecteurs qui se réduit. En 2009, 6% des Français seulement lisaient plus de 2 livres par mois. En concurrence directe avec les autres formes de loisirs, du cinéma à internet en passant par l’opéra et la télévision, la lecture connait un recul auprès du grand public qui préfère multiplier les pratiques culturelles.
Un commerce en ligne de plus en plus redoutable
De plus, le marché s’est vu profondément bouleversé ces dernières années. Après les chaines de librairies et l’entrée des enseignes de grande distribution sur le marché, les libraires doivent désormais tenir compte des achats en ligne et des groupes internationaux. En 2012, 12% des livres vendus avaient été commandés en ligne. Bien conscients qu’à l’heure de l’internet, un client qui ne trouvait pas un livre en stock chez son libraire était probablement un client perdu, les librairies s’organisent progressivement pour mieux satisfaire le lecteur quitte à mutualiser leurs efforts pour lutter contre la concurrence.
Le livre numérique, un combat de plus ?
Le livre numérique n’est donc pas la plus grande menace pour la librairie. Encore considérée comme une pratique expérimentale en France, la lecture numérique concerne essentiellement, selon le dernier baromètre Sofia/SNE/SDGL, les grands lecteurs fans de technologie. Loin de délaisser le papier, ceux-ci privilégient des pratiques de lecture complémentaires. Les experts à l’origine de ce baromètre estiment que le numérique amènera prochainement de nouvelles populations à la lecture. Et si le numérique était une opportunité aussi pour les libraires ?
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S.M.