
Si autrefois son influence se limitait au bouche-à-oreille, l’avis du lecteur a donc gagné en visibilité et s’exprime aujourd’hui sur les blogs, les réseaux sociaux, via des commentaires ou au sein de communautés dédiées au livre. Aujourd’hui cette proximité de ton et de discours semble être indispensable pour les professionnels du livre.
Au plus proche des auteurs
Thomas Cadene, auteur, explique que les réseaux sociaux ont profondément « briser la solitude de l’écrivain ». Désormais, l’auteur peut interagir avec ses lecteurs au quotidien. Même si ces avis comptent énormément pour lui, il estime cependant que les lecteurs ne doivent pas intervenir lors de la création. Celle-ci relève de l’auteur. Il se doit de laisser la possibilité à son lectorat d’être déçu ou d’être ravi par le livre.
De l’influence des blogueurs
Ces dernières années, les blogs littéraires se sont multipliés. On y trouve de tout comme dans les autres domaines, du très bon au très mauvais. Cette croissance n’est pas toujours vue d’un très bon œil par les critiques. C’est notamment le cas de Peter Stothard qui estime dans les pages du respectueux Guardian que les blogs et la masse d’opinions en ligne peuvent menacer le futur de l’écriture. Il rappelle d’ailleurs les fondements de la critique littéraire de la manière suivante :
« Literary criticism, said Stothard, needs "to identify the good and the lasting, and to explain why it's good. You don't read a literary critic to explain why a new Ian Rankin is any good – the people who know about him don't need that explaining. If we're going to keep literature and language alive, we have to be alert to the new, the things which aren't like what's been before. And as Howard Jacobson said, this may be unpleasant, it may be that we don't enjoy reading it, but it might matter hugely to the future of literature."
Interrogé lors du Salon du Livre, Mohammed Aissaou, auteur et journaliste au Figaro, estime que les blogueurs ont mérité cette nouvelle légitimité, ils font donc désormais partie des canaux d’informations qui vont promouvoir les livres. Pour lui, il n’existe pas de cloisons immuables entre les différents prescripteurs. Au contraire, comme il consulte souvent ses libraires préférés, il fait de même avec les blogs pour se tenir informé.
Les critiques et les blogueurs cohabitent donc en bonne intelligence, opérant chacun dans des canaux différents. Cependant Aissaou rejoint Stothard sur un point, ce qui distingue surtout une chronique d’une critique, c’est l’objectif recherché. La critique n’est pas là pour dire si le livre est bien ou s’il est mauvais, la critique a avant tout pour but de restituer l’œuvre et l’auteur dans un contexte et attirer l’attention sur de nouveaux talents.
Le point de vue d’une blogueuse
Sophie Adriansen, plus connue sous le pseudo SophieLit participait également au débat. Elle insiste surtout sur le fait que le blogueur est là par passion et n’est pas mû par des enjeux financiers. Le blogueur n’a pas la vocation de remplacer la critique mais juste de partager son avis sur un roman. Son influence ? Elle ne la mesure pas au quotidien et n’en tient certainement pas compte quand elle rédige une chronique.
Pourtant auteurs et éditeurs sont bien conscients du pouvoir de prescription de ces nouveaux venus. Les recommandations, même exprimées par « un j’aime » peuvent faire la différence. Le net est capable de faire émerger des best-sellers, nous l’avons tous vu avec le phénomène Fifty Shades. Grâce à qui ? Un bouche-à-oreille 2.0. déclenché par des lecteurs actifs sur la Toile.
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S.M.