Quels sont les nouveaux lecteurs du numérique ? Et puis d'abord, y a-t-il des nouveaux lecteurs ?
Michael Tamblyn, de Kobo, donne le ton du débat : "Ce qui change, c'est le support. La passion, elle, est restée". D'accord. Mais alors qui sont réellement les lecteurs numériques ? Élodie Perthuisot, de la Fnac, connait la réponse : "Ce ne sont pas des jeunes à tendance technophiles, ou des geeks, ce sont simplement de très gros lecteurs qui veulent élargir leur choix." Elle précise que ce sont "plutôt des femmes, entre quarante et cinquante ans, qui passent du temps en librairie".
S'il n'y a pas eu de véritable discussion sur les nouveaux lecteurs, le débat portant sur les prochains usages du livre numérique a réveillé l'assemblée. C'est Aurélien Bellanger (auteur chez Gallimard) qui, le premier, affirme sa crainte : "D'après moi, il faut se méfier des contenus enrichis, du multimédia… On risque de tomber dans les travers de l'art du XXe siècle qui nécessite de nombreux médiateurs culturels pour le comprendre. Un bon texte se suffit à lui-même". Bernard Werber (publié chez Albin Michel) lui n’est pas du tout de cet avis : "Moi au contraire, je rêve d'écrire un livre avec des liens hypertextes, du son et de la vidéo et même, pourquoi pas, du parfum ! Le livre doit ouvrir des fenêtres. L'objectif d'un livre c'est le divertissement au sens noble du terme. Écrire, c'est un moyen, pas une finalité. Je suis là pour faire vivre une histoire. On peut désormais imaginer de nouveaux moyens, plus puissants, pour créer une expérience immersive de lecture". Cela ne convainc pas Aurélien Béllanger qui considère que "c'est justement parce que le plaisir de lecture est différent du multimédia qu'il est si puissant". Pour Bernard Werber, cette remarque démontre qu’il est nécessaire que "les mentalités changent".
Bien évidemment, cette évolution ne se fera pas du jour au lendemain. Comme le précise Élodie Perthuisot, "il faut accompagner le lecteur vers le numérique, sans le rendre opaque ou élitiste. Il y a une demande de découverte ! Il faut éduquer, aider à l'appropriation". Michael Tamblyn surenchérit en affirmant que "les livres ne sont plus des contenus statiques d'idées, mais des vecteurs d'échanges d'idées".
Il convient donc de guider le lecteur pour qu'il puisse se retrouver dans cette nouvelle ère du numérique et redécouvrir le livre qu'il apprécie tant. Qui sait, sa passion en ressortira peut-être plus forte ?
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M.B.